Lettre d'une femme de 50 et plus

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Je suis une femme de 54 ans qui a « roulé » sa bosse comme on dit et fait le tour d'une couple de « jardins ». Plus jeune, j'étais une femme passionnée, sexuelle et sensuelle, en un mot, une vraie « bombe »...et croyez-moi, ce n'est pas les « hommes » qui ont manqué dans ma vie. L'Amour, et bien je crois avoir aimé vraiment avec un grand A comme on dit au moins 4 fois. Lorsque je rencontrais un homme, je devais sentir « cette passion », ces vibrations qui passent entre deux personnes. Aujourd'hui, très assagie, devenue « mature » (bien malgré moi), je ne crois pas que l'on puisse aimer à 54 ans comme on a aimé à 25 ou 35 ans. La différence vient de la maturité justement. Aujourd'hui, on sait ce que l'on veut, ce que l'on ne veut pas et après avoir tant donné on a pas vraiment envie de faire certaines concessions, de laver le linge de l'autre, de se taper le ménage seule, etc. Je ne veux pas être la mère d'un homme, je veux être « sa femme », sa « maitresse », son « amie », mais pas sa bonne et ni sa mère. Je crois que l'Amour à 54 ans est plus réfléchi, plus égoiste d'une certaine manière (on pense plus à soi), La raison est peut être que l'on sais qu'on a beaucoup moins de temps devant soi et que ce temps on veut le vivre de façon qualitative. Je suis actuellement seule et je laisse à la vie le soin de mettre sur ma route la personne avec qui je pourrai partager ce que je suis devenue, mon cheminement, ma joie de vivre, mes élans de passion, ma sexualité (mes fantasmes aussi), la femme complète que je suis devenue.

À la cinquantaine, aimer prend une toute autre dimension qu'à 20 ou 30 ans. On a besoin d'une certaine tendresse, d'une complicité, d'un partage, d'une communication honnête, d'une amitié avec l'autre, du respect de l'autre. À 50 ans, le corps physique n'est plus ce qu'il était et je m'attends à ce que l'homme qui partagera ma vie respecte ce corps un peu déformé, moins sensuel qu'à 30 ans, plus rondelet, qu'il accepte ma cellulite, etc. Je veux qu'il aime ce corps comme j'aimerai le sien. Lui aussi n'a plus 30 ans. Si j'aime son petit bedon, j'aimerais bien qu'il aime ma petite bedaine...Et mes rides, ah les affres du vieillisement...mais chaque ride est une expérience de notre vie, ca aussi j'aimerais qu'il les aime tout autant que j'aimerai les siennes....et mes petits cheveux gris lorsque ma teinture défraichie...et puis mes seins qui ne se tiennent plus comme à 30 ans....ca aussi faudra qu'il accepte, comme j'accepterai que ses testicules ne sont plus aussi fermes qu'à 30 ans et que sa peau flétrie tout autant que la mienne. Toutes ces petites choses physiques que l'on a plus, mais toutes ces grandes choses psychologiques que l'on a acquis au cours des ans.

Non, définitivement, on aime pas à 50 ans comme on aimait à 25 ou 35 ans..la relation devient plus profonde, moins axée sur l'apparence physique et plus sur le côté de l'âme, de la beauté intérieure. On désire une relation sereine, sans problèmes, on a plus le temps des altercations verbales comme à 30 ans, le temps étant trop important et la qualité de vie primordiale.

À 54 ans je peux encore aimer mais différemment. Et la densité de cet amour sera encore plus forte que lorsque j'étais plus jeune, car aujourd'hui je sais qu'on ne sait vraiment jamais !

En terminant je vous donne quelques rimes d'un poème que j'ai écrit lorsque j'avais 25 ans.

« M'aimeras-tu encore le jour ou je serai vieille et ridée,
 Le jour ou je n'aurai d'amour physique plus envie,
Le jour où la tendresse aura remplacé la volupté,
Sauras-tu encore mon amour bien-aimé,
m'aimer encore le jour ou je serai vielle et ridée.»

Irène P.